Durant ces deux dernières années à Artec, les projets de recherche-création qui m’ont le plus convaincus était souvent des projets qui investissent une question de recherche par des tentatives de typologisation conceptuelle et esthétique, par des approches qui se confondent à des formes pédagogiques de mise en scène visuelle et heuristique du savoir.

Dictionnaires encyclopédiques, bestiaires, atlas et manuels : je pense notamment aux travaux de Nicolas Nova avec le collectif Disnovation.org, au Feral Atlas d’Anna Tsing et au projet « Critical Atlas of the Internet » par Louise Druhle ↩︎

L’introduction [1] au Feral Atlas insiste sur la nécessité de saisir et produire des savoirs qualitatifs et quantitatifs sur les relation interspécifiques et planétaires qui sont créées et influencées par l’Anthropocène, le Capitalocène ou bien le [[Plantationocène]] .

L'emphase mise sur le travail de terrain est cruciale à mon sens, et doit être engagé dans la majeure partie des travaux de recherche-création qui ont une portée critique. Mais le rapport à l’histoire ici est intéressant car je le trouve (de manière empirique et hypothétique) sous-représenté dans les projets de RC. Projets qui naviguent ou explorent certains objets, des formes de relations ou de matérialité, sans prendre le parti d’une historicisation systématique.
appreciate this situation, and against much precedence, humanists and scientists will have to learn to think Pourtant, l’histoire n’est pas que chose du passé, sinon, pourquoi faire de l’histoire ? L’histoire est toujours contemporaine, l’histoire ne dit pas seulement « rien de neuf sous le soleil » mais en mettant en perspective les modalités d’existence d’une chose dans le temps, elle permet de saisir avec encore plus de subtilité la singularité et les enjeux qui sont propres à cette chose aujourd’hui et surtout demain. Penser la technique et les registres de résistance à la technique de manière historique c’est comprendre que le grand récit héroïque du progrès n’a jamais été incontesté. C’est replacer dans des héritages tangibles les pratiques technocritiques qui sous-tendent le paysage politique et conceptuel actuel.
Pourtant, historiciser n’est pas suffisant. L’histoire est elle aussi une technique. L’histoire doit, elle aussi, être critique ou critiquée.
[1] « Humans and nonhumans making each other. Totogether in new ways. Feral Atlas offers one small, brave experiment for such work in common. The Atlas argues that critical description of the Anthropocene, that is, theoretically informed empirical attention to the anthropogenic transformation of land, air, and water, is a central task for our time. […]The Anthropocene is a planetary phenomenon—but not a uniform one […]Feral Atlas acknowledges the value of planetary-scale modeling and big-data analysis, but it argues that this is not enough: we need a closer look at those anthropogenic ecological patches. Field-based observation and historical analysis are more necessary than ever. »
Feral Atlas
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